daniel
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Posté le: Mar Aoû 30, 2016 00:08 Sujet du message: Discours de l'inauguration du Mémorial CAFI |
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Sainte Livrade / Lot , le 14 Août 2016
Hommage à nos parents.
En cette année 2016, nous célébrons le 60ème anniversaire de l'arrivée des Français Rapatriés d'Indochine au CAFI.
Pour que leur mémoire ne tombe dans l'oubli, le Collectif des Eurasiens pour la Préservation du CAFI a fait réaliser un mémorial en hommage à ces français rapatriés, nos parents.
Au nom du Collectif des Eurasiens pour la préservation du CAFI je vous remercie pour votre présence aujourd’hui et pour vos nombreuses contributions qui nous ont permis de réaliser ce triptyque mémoriel qui représente pour nous une valeur symbolique très importante.
En effet, il témoigne de notre reconnaissance envers nos parents qui ont enduré tant d'épreuves et consenti tant de sacrifices pour assurer l'avenir de leurs enfants.
Aujourd'hui, nous voulons rendre un hommage particulier à nos mères, si dignes, si courageuses et si silencieuses. Elles ont traversé les épreuves de la guerre et de l’exil, ballotées d'un camp à un autre. Elles ont connu la détresse et l’incertitude, sans jamais baisser les bras, mais elles puisaient dans l’adversité la force pour survivre et protéger leur famille.
En choisissant la France elles rêvaient d’une vie plus douce où elles pourraient trouver des conditions de vie meilleures pour elles et leurs enfants. Premières rapatriées de l’histoire de France, elles ont trouvé l’enfermement et la mise à l’écart, la suspicion et les restrictions, l’abandon et l’oubli, vivant plus de 50 ans à l’écart des droits, de la protection sociale et du progrès matériel et moral qui ont accompagné le développement de la société française.
Les Français Rapatriés du CAFI n'avaient pu bénéficier d’aucune mesure contenue dans toutes les lois votées pour les Rapatriés depuis 1961. Aucune ressource spécifique ne leur était accordée durant ces premières années difficiles passées dans ce camp pour les préjudices moraux et matériels subis, si bien que leur vie dans ce camp qui devait être provisoire devenait pour beaucoup d’entre elles définitive.
Dans ces conditions, pour ne pas tomber dans le désespoir et la misère elles réussissaient à reconstruire petit à petit leur milieu social et familial semblable à ce qu’elles avaient connu en Indochine. Dans ce camp, solidaires et tenaces elles arrivaient à bâtir un petit coin de terre tranquille du Vietnam, en préservant leurs traditions culturelles d’origine ainsi que les cultes et les traditions culinaires, qu’elles ont pu transmettre à leurs enfants, comme la langue, les pratiques religieuses, le culte des ancêtres, leur façon de vivre, de manger et aussi de s’habiller et les traditions familiales.
Malgré les conditions de vie difficiles, liées aux handicaps de la langue, au manque de formation, elles allaient travailler pendant des années dans les champs et les usines pour pouvoir faire vivre leur famille et afin que les enfants ne manquent de rien.
Peut-être leur seule récompense était de voir la réussite de leurs enfants devenus aujourd'hui des citoyens bien intégrés dans notre société.
Les souvenirs de ces années difficiles passées dans ce camp où beaucoup d'entre elles ont versé tant de larmes pendant les nuits d’insomnie alors que leurs enfants dormaient, nous ont marqué pour la vie. C'est pourquoi nous voulons apporter notre témoignage aujourd'hui afin que leur mémoire ne soit ni oubliée ni effacée, mais au contraire reconnue et réhabilitée. Nous voulons aussi que nos enfants , nos petits enfants continuent à honorer ces arrières grand-mères et ces grand-mères, ces grandes dames qui représentent pour nous à jamais l'âme du CAFI.
Le Président et l'équipe du CEP-CAFI |
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