Nina Administrateur
Inscrit le: 23 Jan 2005 Messages: 525 Localisation: 94
|
Posté le: Ven Avr 06, 2007 10:23 Sujet du message: remerciement pour la deuxième soirée de Gala de la CEP |
|
|
Chers amis,
Merci à tous ceux et celles qui nous ont fait l’amitié de venir partager un de ces moments rares qui rassemblent non seulement la première génération des « enfants du CAFI », mais aussi les enfants de ceux-ci et peut-être les enfants de leurs enfants. Je salue aussi ceux et celles qui sont venus à cette soirée par amitié et sympathie, d’une part ceux qui partagent avec nous l’histoire du déracinement du sol natal et du retour vers la « mère patrie », dans d’autres conditions et sous d’autres cieux que Sainte Livrade ou Noyant sans nommer les autres camps d’hébergement et de transit, d’autre part ceux qui sont là parce qu’ils nous comprennent et nous soutiennent par leur amicale compréhension.
Votre présence ce soir témoigne que l’un des buts poursuivi par notre association lors de sa création est atteint ; je cite : « Nous voulons être ce lien pour ceux qui ont quitté le CAFI, et qui gardent un lien affectif et de mémoire avec ce camp qui les a vus arriver pour certains, naître et grandir pour d'autres. Ce passé a fait ce que nous sommes devenus. Quand nous nous voyons, nous ne pouvons nous empêcher d'en parler et d'évoquer avec émotion ceux avec qui nous avons grandi. Ce lien que nous voulons maintenir et faire vivre, c'est un lien d'amitié. »
Lorsque nous avons créé la CEP, nous sommes partis d’une question : qui étaient nos parents, qui étions nous à notre arrivée en France ?qui sommes nous maintenant 50 ans après ? Cette question couvrait en fait trois interrogations : sur notre rapport avec la grande histoire, sur notre statut dans la France des années 50 à aujourd’hui, et enfin sur l’histoire de ce lieu qu’est le CAFI, sur son statut qui est à notre image, ou sur nous mêmes qui sommes à l’image du CAFI.
Notre histoire c’est celle de la France coloniale et de la décolonisation : nous étions les premiers rapatriés de l’histoire, en 1956, à une époque où le statut de rapatrié n’était pas encore défini légalement.
La deuxième interrogation découlait de notre situation historique : Etions nous des « rapatriés » au sens de la loi de décembre 1961 ? Les quatre lois adoptées par la suite en faveur des rapatriés nous étaient elles applicables ? Il apparaissait alors que si la loi de 1961 définissait la notion de rapatrié et les principes généraux de la solidarité nationale en leur faveur, les rapatriés d’Indochine étaient ignorés par les lois sur les rapatriés adoptées dans les années 1970, 1980 et 1990. La preuve manifeste de ces 50 ans d’oubli est l’existence du camp de Sainte Livrade, un monde clos, crépusculaire, et sans avenir.
La troisième interrogation était donc celle de l’avenir de ce site et de ses habitants. Nous sommes viscéralement attachés au CAFI, à son caractère spécifiquement « indochinois » comme nous sommes attachés à nos racines, à notre identité même.
Le projet de requalification du CAFI, présenté par la Mairie en janvier, et dont le financement par l’ANRU a été accepté au niveau ministériel, nous paraît contestable sur plusieurs points :
Alors que des démolitions et des reconstructions sont prévus dès 2007, le travail sur le lieu de mémoire, qui devait être une des priorités de l’opération de rénovation n’a pas été défini ; à ce jour les associations n’ont pas été consultées et il semble qu’elles ne sont informées qu’après les décisions, dont on ne sait à quel niveau elles ont été prises.
Nous sommes opposés à la dénaturation du site du CAFI, et réclamons de pouvoir siéger au niveau de l’ANRU afin de faire modifier le tracé de la route qui doit relier le CAFI au centre ville, qui risque de couper le site en deux zones à type d’habitation différente.
Enfin les opérations de récupération des logements par la Mairie représentent pour beaucoup de gens un préjudice moral immense, que nous ne pouvons accepter en tant que « enfants du CAFI ». Lors de cette opération nous dénonçons une absence de concertation qui ne peut qu’alimenter les craintes des habitants et leurs doutes sur les intentions de la Mairie et de l’état envers les rapatriés d’Indochine.
C’est pourquoi nous voulons nous faire entendre et accéder à tous les niveaux où les décisions sont prises concernant l’avenir du CAFI et de ses habitants.
Nous ne pouvons nous satisfaire des réponses de la Ministre de la cohésion sociale, Mme Catherine VAUTRIN à la suite de l’enquête de l’IGAS sur les rapatriés d’Indochine en 2006. Pour nous le problème de la reconnaissance et de l’indemnisation des rapatriés d’Indochine des centres d’accueil n’est pas soluble dans les procédures d’indemnisation des autres rapatriés ; il ne peut non plus être ramené au problème des supplétifs enrôlés dans l’armée française, même si les supplétifs indochinois ont été oubliés dans la loi du 23 février 2005. Je ne m’attarderai pas sur les détails de ces explications, mais pour nous le rapatriement de nos parents et les conditions dans les quelles ils ont été accueillis et oubliés pendant 50 ans à Sainte Livrade relèvent d’un oubli et d’une injustice que l’état ne veut pas reconnaître. Nous chercherons d’autres moyens et peut-être d’autres temps pour nous faire entendre.
Notre combat pour la reconnaissance pleine et entière des rapatriés d’Indochine des centres d’accueil rencontre des préjugés qui ne sont pas faciles à faire tomber, comme des murs qui ont enfermé nos parents dans le silence et l’oubli. C’est pourquoi la préservation de la mémoire du CAFI et de son site historique représente pour nous un enjeu essentiel.
En vous remerciant de votre attention, nous vous invitons à passer sur le lien photos pour retrouver nos amis et n’hésitez pas à nous envoyer vos photos si vous voulez mettre en ligne
Nina-Daniel-Henri-Albert-Michel-Chantal-Viviane-Angeline-Jeannot et Joaline
Les membres actifs de la Coordination des Eurasiens de Paris |
|